Épilogue
Nous arrivons au terme de cette aventure. Le feuilleton de l'été que nous avons été heureux de partager avec vous se termine.
C'était mon troisième voyage au long cours à vélo, le premier pour Huguette. Elle s'est fait deux frayeurs pendant le voyage, la première en traversant les tunnels des Portes de Fer en Serbie, la seconde en roulant 40 km dans Istanbul. Nous pouvons tous la féliciter pour son courage et sa volonté sans faille d'aller jusqu'au bout. Parcourir 4400 km, dans des conditions climatiques parfois difficiles, n'est pas évident. Nous avons connu trois semaines de pluie et de grande fraîcheur, puis sans transition, la canicule était là. Si les routes sont belles et agréables en France, Suisse, Allemagne et Autriche, elles le sont beaucoup moins dans les pays de l'Est. Plus nous avancions et plus elles devenaient difficiles, voir impraticables. À cela, il faut ajouter les difficultés du relief des Balkans. Huguette, tu mérites ton diplôme de cyclo-randonneur !
L'an dernier, j'avais découvert à vélo, le Nouveau Monde en traversant à vélo le continent américain. Cette fois, c'est notre vieille Europe et plus particulièrement les pays de l'Est que nous avons voulu découvrir.
Les régions et pays traversés
La France a la particularité de posséder beaucoup de régions. Les pays de Loire, le pays Berrichon, la Bourgogne, la Franche Comté et l'Alsace sont bien différentes les unes des autres. Nous avons trouvé les Francs-Comtois les plus sympas et les plus ouverts. Ils sont suivis de très près par les Bourguignons. Les automobilistes français, quelle que soit la région, ont un point commun : ils n'aiment pas les cyclos. Ils klaxonnent en permanence pour nous mettre dans le fossé ! Le conducteur suisse est peu différent, il se comporte comme l'automobiliste français. En Allemagne, c'est tout le contraire, l'automobiliste respecte les cyclos. Les allemands possèdent une véritable culture du vélo. Les routes dédiées spécifiquement à la petite reine sont pléthores. Les allemands parlent anglais qu'ils s'agissent des citadins ou des gens à la campagne. Les autrichiens sont plus réservés et parlent peu l'anglais à l'exception des jeunes de la capitale à Vienne. Dans les pays de l'Est tout est différent. La pratique du vélo est quasi nulle. Le cycliste est considéré comme celui au plus bas de l'échelle sociale. Aussi, rien n'est fait pour lui, il n'y a aucune piste cyclable, aucune bande de sécurité sur les voies. Cela ne fait pas bien d'être cycliste dans les pays de l'Est. C'est tout le contraire en Allemagne et en Autriche, le vélo a le vent en poupe. Sa pratique se fait par toutes les catégories sociales et par toutes les générations.
Le niveau de vie dans les pays de l'Est
Quarante cinq ans de dictature communiste et d'économie planifiée ont fait prendre aux pays de l'Est un retard difficile à combler si on les compare à la
France ou à l'Allemagne. Il y a tant à faire pour consolider le réseau routier, améliorer l'habitat, remplacer ou moderniser les usines vétustes, embellir les villes, développer le commerce et l'artisanat. Cela n'enlève en rien la qualité des hommes et des femmes qui sont ouverts et chaleureux. Ils nous l'ont témoigné pendant tout le voyage. Des pays visités, la Hongrie semble être le pays le plus avancé et la Bulgarie le plus en retard. La Roumanie que nous n'avons pas visitée doit être au même niveau que la Bulgarie.
La Turquie
C'est le pays qui nous a le plus étonné par son dynamisme. Nous n'avons traversé que le Nord du pays. Probablement, côté Asie, c'est différent, mais le peu que nous ayons vu nous a vraiment bluffé. Le réseau routier, l'industrie, le commerce, la modernité des villes, tout est là. Le pays a peu de choses à envier au pays de l'Ouest si ce n'est peut être la démocratie. Ici, elle est encore trop balbutiante. Nos contacts avec la population montrent que le président Erdovan est loin de faire l'unanimité dans le pays.
La barrière de la langue
Dans les pays de l'Est, l'anglais est peu parlé. Nous faisions l'effort d'apprendre au minimum 3 mots dans la langue du pays traversé : bonjour, au revoir, merci. Cela facilitait le contact. Nous nous rappelons des mots pour les deux derniers pays traversés. Bonjour : Dobar Den en bulgare, Melhaba en turc. Au revoir : Dovigdané en bulgare, Gule gule en turc. Merci : Blagodaria en Bulgare, Teskur Ederin en turc. Malgré la barrière de la langue, les gens faisaient l'effort de nous aider. On en est loin d'en faire autant en France.
La chaleur
Elle a été quasi permanente après que nous ayons rejoint le Danube. Mais curieusement, ce n'est pas sur le vélo que nous avons souffert le plus de la chaleur, mais au bivouac. A vélo, à partir de 15 km/h, un vent relatif lié à la vitesse, ventile et refroidit le corps. A l'arrêt, c'est bien plus difficile, il nous fallait vite nous réfugier dans un endroit ombragé.
Les rencontres
Le voyage à vélo est propice aux rencontres. Les cyclos inspirent une certaine sympathie, nous avons encore pu le vérifier au cours de ce périple. Nous sommes allés vers les gens mais ces derniers venaient aussi spontanément vers nous. Nous n'oublierons pas ceux que nous avons rencontré sur la route et ceux qui nous ont ouvert leur porte : la gérante du camping de l'Océan à Muzillac, Romuald et Laetitia du camping Loire et Châteaux à Bréhémont, Jean du camping municipal de Gracay, pour leur accueil et la gratuité de leur camping. Alain et son épouse en tandem, croisés à Nevers ils se rendaient à destination de La Baule. Ils avaient souffert sur l'eurovélo 6 à cause d'un fort vent de face.
Bruno le cyclo de Troyes, le robouteux diplômé, rencontré au camping de St Martin sur Loire. Il a promulgué à Huguette des conseils et des mouvements à réaliser pour soulager ses douleurs cervicales. Peter et Trudy, un couple hollandais pour la gratuité de leur camping et leur don à l'association. Jackub le cyclo Tcheque, pour son don spontané au bord de la route à Decize. Max, que nous appelions "le petit Max sur son grand vélo". Parti de Nantes en direction de la Mer Noire, nous l'avions rencontré au camping de St Martin sur Loire, puis en Allemagne. Max avait beaucoup de mérite car il avait un vélo peu adapté à la randonnée et au transport de lourds bagages. Nous avons gardé le contact avec lui pendant tout notre périple et le sien. Francis et Jacqueline de Monbéliard qui, malgré notre appel le jour même, n'ont pas hésité à nous héberger. Francis attend avec impatience que Jacqueline soit à la retraite pour réaliser lui aussi des voyages au long cours en vélo. Sylviane et Alain qui se sont absentés de leur vignoble de Nuits St Georges pour venir à notre rencontre à St-Jean de Losnes et nous offrir un super dîner au restaurant. Dany et Melanda du camping de St-Jean de Losne pour la gratuité de la nuité. Gilles, au look de rugbyman, sa femme Sylvie et leur fils Louka pour la gratuité du petit déjeuner dans leur restaurant de St-Jean de Losne. Christophe et Patricia, pour nous avoir permis de planter notre tente sur leur pelouse à Kanzag, mis à notre disposition WC et douche et nous avoir offert un super panier garni pour notre dîner. Stéphanie, Brigit et Joseph pour nous avoir permis de planter notre tente dans la cour de leur ferme près d'Ulm, et mis à notre disposition WC et douche. Frantz, l'ancien légionnaire et son compère Marco qui ont failli nous embarquer dans une bringue nocturne. Hirt, pour nous avoir permis d'installer notre tente derrière son restaurant à Deggendorf. Walter, appelé le bourgmestre qui nous a permis d'installer notre tente près de sa caravane et avec qui, nous avons parlé d'Europe. Joseph avec qui nous avons fait un bout de route sur les belles pistes cyclables de la Bavière. Michel et Vincent, deux canadiens de Québec et Montréal avec qui nous avons fait une partie d'une étape le long du Danube et avons échangé sur la maladie du syndrome de Wolfram. Florent et Pauline rencontrés au camping de Gyor. Ils avaient beaucoup de mérite à rouler à vélo avec leurs deux enfants en bas age, Amoury et Théotine vers la Mer Noire. Ils approchent de leur but, ils sont actuellement en Roumanie. Kevin et Cendrine en route pour Bratislava. Nous les avions rencontrés au camping de Vienne. Ils ont acheté en ligne quelques kilomètres. Ferdinand, web designer, et Evelyne, diplomate qui ont mis à notre disposition leur jolie maison à Bratislava. Suzana pour son superbe accueil dans son biker camp en plein centre de Budapest. Jean-Pierre le cyclo bruxellois, écrivain, avec qui nous avons rouler de Budapest jusqu'aux portes de fer en Serbie. Dragona et Alexandro pour l'excellent accueil dans leur joli Guest House au bord du Danube à Kovin. Wladimir, le premier bulgare que nous avons rencontré. Il a mis à notre disposition son propre lit. Il a cuisiné pour nous le dîner du soir et concocté un super déjeuner le matin. Il a rempli nos sacs de victuailles au moment du départ. Keiko et Matthew, chez qui nous avons été les premiers clients de leur jardin-camping à Alexandrvo. Martin et Shirley, le couple anglais propriétaire d'un camping à Bezar pour leur accueil et la gratuité de la nuitée. Nazzl notre ange gardien au Doruk camp notre petit paradis à Gumusyaka. Reyhan, Ertugrul et leurs filles Dilek et Yeliz pour nous avoir invité à prendre le thé dans leur cabanon. Et enfin Suleyman, l'acteur de cinéma et sa girlfriend Selin pour avoir mis à notre disposition leur propre chambre pendant trois nuits à Istanbul. La spontanéité de tous ces gens à nous aider et à nous héberger est extraordinaire et touchante. Comme le dit Nolwen dans l'un de ses messages, les pays traversés sont différents les uns des autres mais la fraternité de leurs habitants reste universelle. Donner sa propre chambre à des étrangers que l'on connait depuis cinq minutes, alors qu'il n'y a qu'une seule chambre dans la maison, est un geste de fraternité très fort que nous ne sommes pas prêts d'oublier.
La ville d'Istanbul
Elle est unique au monde pour être à cheval sur deux continents. Coupée en deux par le Bosphore, un détroit reliant la Mer Noire à la Mer Marmara, la ville s'appelait autrefois Constantinople. Elle fut pendant 6 siècles la capitale de deux différents empires. Elle a été l'égale de Rome. Très cosmopolite, elle accueille aujourd'hui un grand nombre de réfugiés syriens. Elle était la finalité de notre périple. Nous voulions nous rendre à la porte de l'Asie à vélo. Notre mission est accomplie.
Merci à tous les lecteurs de notre Blog
Merci pour vos témoignages d'amitiés et vos encouragements, cela nous a fait beaucoup plaisir et nous a aidé dans les moments les plus difficiles. Merci aussi à ceux qui ont fait un don à l'association du Syndrome de Wolfram que nous avons parainé au cours du périple. Les dons collectés sur la route et la gratuité des nuitées sur les terrains de camping nous permettent de remettre à Nolwen, la présidente, un chèque de 250 euros. Nous ferons grimper encore le compteur des kilomètres vendus par des conférences et expositions à notre retour. Les premiers résultats des études cliniques sur les souris seront connus cette année. Espérons que ceux ci seront encourageants.
Nous terminons ce feuilleton de l'été par deux photos. La première nous montre dans l'effort sur une piste le long de la digue qui borde le Danube en Serbie.
La seconde est prise à l'arrivée devant le pont Falti Sultan Mehmet qui joint l'Europe à l'Asie au dessus du Bosphore.
Cette photo, avec un fond brumeux ressemble étrangement à celle de joinamerica devant le Golden Gate à San Francisco.
Lundi 4 août, à la descente du train à 12h13 à Lorient, nous enfourcherons à nouveau nos vélos pour rentrer à Maneran, comme si nous étions allés faire un tour au marché d'Auray ou d'Hennebont.
Jo et Huguette
19 - 26 juillet : Istanbul une ville étonnante à la croisée des civilisations
Nous avions loué une chambre du 25 au 31 juillet chez Devrim à Istanbul. Nous sommes arrivés avec une semaine d'avance. Faute de camping dans la mégalople, nous avons contacté Suleyman, un passionné de cyclisme, habitant avec sa girl friend Selin, un petit appartement, dans la partie européenne de la ville. Suleyman n'a pas hésité à mettre à notre dispostion sa propre chambre, pour nos trois premières nuits dans la mégapole, préférant dormir lui même avec Selin dans le divan du salon.
Suleyman est acteur de théatre et de cinéma. Il joue dans les séries télévisées turcs. Voici le lien d'une bande annonce de l'un de ses films :
Süleyman FELEK Showreel
Thank you very much Suleymam and Selin. You have both a great heart ! You host us, as if we were a member of your family. It's great ! We wish you the best.
Samedi matin nous avons subi un fantastique orage qui a eu pour mérite de rafraîchir l'air de la ville car ici la température ne descend pas en dessous de 25 degrés la nuit.
Istanbul est l'unique ville au monde à cheval sur deux continents. La plus grande partie de la ville se situe sur l'extrême pointe sud-est de l'Europe. Je l'ai appelée dans mes précédents postes le goulot de l'entonnoir. Elle est séparée de ses faubourgs asiatiques par le Bosphore, un détroit qui relie la Mer Noire à la Mer Marmara. La partie européenne est elle même divisée en deux par un golf étroit appelé la Corne d'Or. Nous l'avons traversé à vélo à notre arrivée .
Nous habitons pendant les 2 semaines de notre séjour entre la Corne d'Or et le Bosphore le centre nerveux de la mégalopole.
Nous visitons la place Taksim. La place a été le lieu de grandes manifestations au printemps dernier, pour s'opposer à un projet immobilier qui devait raser le parc Gesi tout proche. La répression policière avait fait 6 morts, 7822 blessés et 3300 arrestations dans le pays.
Près de la place Taksim, l'avenue Istiklal grouille de monde 24 h sur 24. Elle est parcourue sur toute sa longueur par un tramway plus que centenaire appelé le tramway nostalgique. Le soir, l'avenue est animée par des musiciens et chanteurs, les restaurants sont bondés, la vie est intense.
Istanbul s'appelait à l'origine Constantinople. Elle a été la capitale de l'empire bysantin puis de l'empire ottoman. Elle a été l'égale de Rome. Elle fut le centre des arts et des sciences pendant six siècles. Les grandes mosquées et musées sont concentrés au sud de la Corne d'Or. Nous visitons le musée de Ste Sophie. C'est une basilique, construite en 5 ans, par dix mille ouvriers au milieu du premier siècle sous la période byzantine.
Sa coupole fait une circonférence de 198 m, sa hauteur de 55,60 m.
Elle est devenue mosquée par l'ajout de deux minarets. Elle a été transformée en musée en 1932. Les travaux de rénovation ont fait apparaître de très belles mosaïques représentant Joseph, Marie et des saints.
Nous visitons la mosquée bleue, sans doute la plus belle de la ville et la mosquée de Soliman le Magnifique.
Dans la même partie de la ville est situé un marché couvert appelé le Grand Bazar. Le terme Souk n'est pas utilisé à Istanbul. Imaginez 5000 magasins dans un gigantesque labyrinthe de ruelles sur 200 000 m2.
C'est une ville dans la ville. On y vend de tout et bien sûr de l'or, de l'argent, des bijoux, et tous les articles de cuir.
Les ruelles sont étroites et pentues, aussi toutes les marchandises sont transportées par des hommes tirant ou poussant des chariots à brancard.
Toutes proportions gardées, Istanbul présente quelques similitudes avec San Francisco avec son pont surplombant le Bosphore, comparable au Golden Gate,
ses rues fortement pentues,
son tramway du début du siècle dernier,
ses manifestations.
Sur le Bosphore passent une multitude de bateaux, tankers, ferrys de croisière, bateaux navettes. Nous avons emprunté un bateau navette pour passer symboliquement du côté de l'asie.
Nous avons dormi quatre nuits chez Jack un anglojordanien. Il nous a loué une chambre dans son joli appartement près de l'avenue Iskali dans le quartier des brocanteurs. Les vieux immeubles du quartier ont des façades remarquables.
Nous passons notre dernière semaine à Istanbul chez Devrim à qui, nous avions réservé en France une chambre. Il habite près de la tour Galata, la tour la plus ancienne du monde (construite au milieu du 1er siècle sous l'empire Bizantin).
C'est du haut de cette tour que nous vous envoyons les dernières photos d'Istambul.
Voilà, notre travail de Tintin reporter se termine. Dans quelques jours nous publierons dans le blog l'épilogue de ce beau voyage. Ce sera la fin du feuilleton de l'été.
Nous allons terminer notre séjour en Turquie par la visite des iles des Princes. Celles-ci sont situées à 20 km d'Istanbul dans la mer Mamara. Cette fois les photos resteront privées.
Merci à nos enfants, Christelle et Mathieu pour avoir pris le temps de publier au fur et à mesure les posts dans le blog. Sans eux, le feuilleton de l'été n'aurait guère exister.
A bientôt
Jo et Huguette
Nous l'avons fait !
Vendredi 18 juillet : Gumusyaka - Istanbul
C'est la dernière étape de notre périple, la plus stressante aussi car la moitié du parcours est en ville.
Nous longeons d'abord la mer Marmara. Les constructions qui la bordent ressemblent un peu aux maisons californienes.
Roll 2 subit sa troisième crevaison. Nous sacrifions une bouteille d'eau minérale pour rechercher la fuite.
Istanbul est encore à 50 km et déjà l'habitat est dense. Nous prenons des forces le midi au restaurant avant de rentrer dans là plus grande mégalopole d'Europe.
La bande de sécurité disparaît peu à peu, nous roulons avec les voitures et les camions.
Le trafic est impressionnant, nous devons redoubler notre vigilance. Nous entrons dans les entrailles d'une ville qui compte 13 millions d'habitants (20 millions avec la périphérie)
Nous avions dit que nous serions allés à Istanbul à vélo. Nous l'avons fait !
95,74 km - 6h30
Cumul : 4304,91 km - 296h29
14-17 juillet : Un petit coin de paradis
Mardi 14 au jeudi 17 juillet : 4 jours de repos à Gumusyaka
J'avais identifié en France, lors de la préparation du voyage, le "Doruk camping", le seul camping au bord de la Mer Marmara à moins de 100 km d'Istanbul, près de la ville se Silivri. N'imaginez pas un camping traditionnel, ici, il n'y a aucun touriste à l'exception des deux cyclos bretons de passage. Notre tente est installée sous un maronnier, près du cabanon de Nazzl la gardienne du camp.
Bien que Nazzl ne parle que le turc, nous parvenons tout de même à nous comprendre.
Nous avons été très vite adoptés par les occupants du camp, tous turcs. Quelques uns ont travaillé (ou travaillent) en Allemagne. Les caravanes se sont transformées au fil des années en cabanons joliment agencés et fleuris.
Nous avons été invités à prendre le thé chez Reyhan, Ertugrul et leurs deux filles Dilek et Yeliz, dans leur cabanon.
Quelle gentillesse et quel accueil ! Malheureusement, la barrière de la langue nous empêche d'échanger comme nous l'aurions souhaité.
Ici le temps coule doucement, il n'y a pas de stress, on se laisse vivre.
C'est un véritable paradis, il n'y a qu'à traverser la rue pour mettre les pieds dans l'eau. Les barmans, le long de la plage, sont ravis de rencontrer des touristes étrangers. On nous offre le thé. La brise de mer est permanente, la température est très supportable.
Les enfants sont souriants et polis. Ils nous rapportent des prunes qu'ils cueillent dans les arbres.
Ici, c'est un peu comme les Marquises de Jacques Brel.
Nous sommes à nouveau sédentaires, nous devons nous réhabituer à faire la grasse matinée, nous avions perdu l'habitude.
Le voyage à vélo permet aussi de se poser. Le vélo vous envoie dans des endroits insoupçonnables, nous en profitons !
12-14 juillet : La Turquie, une surprise
Samedi 12 juillet : Journée de repos à Edirne
En passant la frontière hier midi, nous changions presque de continent puisque l'Asie commence à 230 km de l'autre côté du Bosphore. Sentiment étrange, les bâtiments de douanes et de police bulgares sont vétustes et gris tandis que ceux de la Turquie sont modernes, clairs et parfaitememt équipés. De même, les routes en Turquie sont larges, parfaitement bitumées, avec une large bande de sécurité tout à fait adaptée aux cyclos. Le voyage remet les idées en place quand à notre vision du monde.
Edirme, la première ville après la frontière est superbe. Appelée aussi Andrinople, elle a été, au gré de l'histoire, bulgare, grecque et turque. C'est la ville aux quatre mosquées, toutes aussi pitoresques les unes que les autres.
Les rues sont jolies, propres, fleuries et pavées avec des motifs de couleurs.
Les maisons très anciennes ont conservé leur charme et ont des façades remarquables.
Les boutiques sont très nombreuses et font le bonheur d'Huguette. On trouve ici, tout ce qu'il n'y avait pas ou peu en Bulgarie : magasins de confection, restaurants, traiteurs, pâtisseries, salons de thé, terrasses de bars ombragées. Les gens sont très symphatiques. Pratiquement personne ne parle anglais et encore moins le français.
C'est déjà l'Orient avec les souks, les cireurs de chaussures, les femmes voilées, l'appel à la prière.
On retrouve ici un peu notre ville d'Agadir que nous connaissons bien. Nous sommes installés dans un hôtel confortable. Roll 2 et Olympe ont droit,eux aussi, à leur jour de repos.
La température dépasse largement 30 degrés l'après midi. Demain, nous allons vers la pointe de l'entonnoir que constitue la Turquie du Nord avec à gauche la Mer Noire, à droite la Mer Marmara et à l'extrémité, le Bosphore qui sépare les deux mers. Nous comptons sur quelques brises marines !
Dimanche 13 juillet : Edirne - Luleburgaz
Qu'il est agréable de rouler en toute sécurité sur les routes turques ! Nous avons tellement souffert sur les routes bulgares que l'on se sent désormais en vacances.
Les villes ou villages sont peu fréquents. Ils sont bien entretenus et les collectifs sont des immeubles plutôt coquets.
Dans les champs, le tournesol est cultivé pour y être transformé en carburant vert.
La chambre à air de la roue arrière de Roll 2 n'a pas supporté la seconde rustine. Je suis contraint de faire de l'auto-stop jusque la ville la plus proche, tandis que Huguette poursuit seule la route. Mon bienfaiteur me conduit en ville avec Roll 2 et les bagages en place arrière. Nous ferons le tour de la ville avant de trouver enfin un atelier de cycles ouvert, car nous sommes dimanche. Merci mon bienfaiteur. Nous avons insisté pour qu'il accepte un pourboire mais il a fermement refusé.
Vers 18 h nous suivons 2 tracteurs tirant des presses à paille. Ils nous conduisent vers une ferme dans laquelle, nous demandons l'autorisation d'installer notre tente. Autorisation accordée, nous nous installons dans une remise. Il est mis à notre disposition eau courante et WC.
Le lieu est parfait car un orage éclate. Nous sommes à l'abris pour la nuit.
87,71 km - 5h50
Lundi 14 juillet : Luleburgaz - Gumusyaka
Nous poursuivons notre belle route. C'est une voie express pararallele à l'autoroute qui rejoint la frontière bulgare à Istanbul. Après Luleburgaz le paysage devient industriel. Sur soixante kilomètres sont implantées des usines métallurgiques, des usines de transformation d'huile de tournesol en carburant automobile, des usines agroalimetaires, des usines textiles. Elles sont toutes récentes et modernes.
Nous faisons une halte à Corlu pour nous connecter à la wifi dans un bar. Les clients jouent aux dominos. Ils sont curieux et impressionnés par notre périple. Sans rien commander, il nous est servi du café payé par un client puis 2 jus de cerises payés par un autre.
Au moment de quitter le lieu, le barman insiste pour que nous embarquions 2 bouteilles d'eau fraîche et un bouteille de jus de cerises.
Quelle gentillesse de la part de tous ces gens !
Corlu est une grande ville relativement moderne.
Nous sommes maintenant dans le goulot de l'entonnoir.
Comme nous l'avions espéré, nous profitons maintenant de la brise marine.
Cet après midi nous nous sommes installés dans un camping au bord de la mer Marmara à 85 km d'Istanbul.
Le terme camping n'est pas approprié. Disons que c'est un camp composé de cabanons un peu comparable à ceux des calanques de Marseille. On y vit en famille l'été depuis plusieurs générations. Ce lieu bien que très rustique va nous permettre de bien nous reposer avant d'atteindre notre destination finale.
79,09 km - 5h31
Cumul : 4249,17 km - 290h59
Patıence
Nous sommes desoles de ne pas vous donner des nouvelles recentes.Les admınıstrateurs de notre blog, Chrıstelle et Mathıeu sont en vacances. Des le prochaın week-end, Chrıstelle se remet a l'ouvrage.
A bıentot
Jo et Huguette
Vendredi 11 Juillet : Bezar (Bulgarie) - Edirne (Turquie)
Martin et Shirley, anglais, sont propriétaires du petit camping de Bezar. Devant s'absenter pour la journée, le couple nous a donné les clés de leur maison. Nous avons été designés Manager du camping pendant leur absence. Nous n'avons pas beaucoup de travail puisque nous sommes les seuls clients de l'établissement, à l'exception d'un couple de la Haute Savoie et leurs deux enfants qui sont arrivés dans la soirée. Partis en Avril dernier, ils font un tour de l'Europe en camping car.
Martin et Shirley nous ont offert la nuitée à titre de donation à l'association.
Merci Martin et Shirley pour votre accueil et votre geste de solidarité pour l'association.
Nous avions installé la tente sous un noyer tout prêt de la maison de Martin et Shirley. C'était l'endroit le plus frais du camping. Cependant, nous n'avions pas prévu que nous étions sur le territoire du gros matou de la maison qui, lui aussi, aime la fraîcheur en cette période de canicule. Pour nous le faire savoir, il n'a pas hésité à uriner sur la tente !
Nous faisons nos dernières photos de la Bulgarie avant de passer en Turquie.
Nous longeons pendant 10 km la frontière grecque.
Nous passons enfin la frontière pour rejoindre Edirne, notre ville étape. Nous y prendrons notre journée de repos demain.
59,75 km - 279h38
Cumul : 4062,37 km - 279h38
9-10 juillet : La Turquie en ligne de mire
Mercredi 9 juillet : Kazanlak - Alexandrovo
Cette nuit nous a fait du bien. Nous avons presque dormi à la belle étoile.
Nous n'étions pas seuls au camping. Il y avait sept campings cars à notre arrivée, tous français, immatriculés 44, 59, 77, 85. Il s'agit d'un club de papys et mamies comme nous, en voyage organisé. Ils n'étaient pas très enthousiastes de la Bulgarie, les seuls curiosités étant la visite des monastères orthodoxes.
Notre route reste très valonnée. Nous remontons pratiquement à 500 m d'altitude, puis ce sont des montées/descentes pendant toute la journée, sous la canicule. Le centre et le Sud de la Bulgarie sont plus prospères que le Nord. Les routes sont en meilleur état et les villes sont propres et bien mieux entretenues.
Nous passons devant une ferme solaire composée de milliers de panneaux photovoltaïques.
Roll 2 subit sa première crevaison : un trou dans la rustine collée à Estes Park, dans le Colorado en juin dernier, avant de franchir les Montagnes Rocheuses.
Comme en Hongrie, des usines de production d'eau chaude ont été construites pendant l'ère communiste pour chauffer les appartements des immeubles collectifs.
Il en resulte d'énormes conduits aériens qui défrisent le paysage.
Plutôt que de louer une chambre à Haskovo, nous nous laissons séduire par la publicité sur Internet d'un petit camping situé dans un minuscule village au nom d'Alexandrovo. Nous quittons la route nationale pour une petite route de campagne très valonnée qui fait grogner Huguette à cause de la canicule en fin d'après midi.
Nous arrivons au village à 18 heures complètement fourbus. Les villageois ne parlent pas un seul mot d'anglais et le camping est inconnu. Au final, nous trouvons le lieu. C'est la propriété de Keiko d'origine asiatique et Matthew d'origine anglaise.
Ils ont admirablement rénové une vieille bâtisse et le camping n'est pour l'instant que la pelouse du jardin. Le couple a une petite fille de 6 ans au nom de Skye. Elle est adorable et parle quelques mots de français. Nous sommes les premiers clients du camping !
Skye nous remet en main propre un billet de 10 lev bulgare pour soutenir l'association du Syndrome de Wolfram.
Merci Keiko, Matthew et Skye pour votre accueil et votre geste de solidarité.
105,94 km - 6h53
Jeudi 10 juillet : Alexandrovo - Bezar
A peine avons-nous démonté notre tente dans le jardin de Keiko et Matthew,
qu'elle est reinstallée à 11 h dans un camping familial à Bezar à 30 km de la frontière turque et à 15 km de la frontière grecque.
Notre traversée de la Bulgarie se termine. Nous retenons de ce pays, son peuple chaleureux et ouvert malgré la barrière de la langue.
Le pays a beaucoup de retard par rapport à ses confrères de la communauté européenne. Même si la dictature communiste est tombée en 1989, le pays est toujours dirigé par le parti communiste, le seul parti politique dans le pays.
Comme dans les pays de l'ancien bloc de l'Est, on y trouve encore d'anciennes sculptures à la gloire des camarades travailleurs.
Lénine et Staline avaient baptisé des villes à leur nom en URSS. Ici, c'est pareil, hier nous sommes passés à Dimitrovgrad, ce matin, nous avons traversé Simineonovgrad et demain matin nous passerons à Svilengrad, la ville frontière !
Nous allions oublié, nous avons fêté nos 4000 km ce matin !
Demain, nous sommes en Turquie.
39,46 km - 2h41
Cumul : 4002,62 km - 276h04